Les Fils et Filles du Sahel

Le Sahel, une région située a centre-ouest de l’Afrique, a été au premier plan des médias au cours des cinq dernières années. Ce premier semestre, j’ai publié deux articles d’opinion trouvés ici et ici et un article de recherche sur le Sahel en mettant l’accent sur l’activisme politique des jeunes. L’analyse réside dans les récentes réformes politiques et diplomatiques menées par une nouvelle génération de Sahéliens désireux de s’éloigner de son passé néocolonial. Les trois pays les plus notables dans cette démarche sont le Niger, le Mali et le Burkina Faso, qui sont dans un processus de réforme du partenariats politiques.

Les pays sahéliens sont des anciennes colonies françaises qui ont obtenu leur indépendance dans les années 1960 et entretiennent depuis lors des liens étroits avec leur ancien colonisateur qui exerce une forte influence sur leur sphère politique. La région est tombée sous l’emprise des djihadistes et d’autres groupes terroristes, provoquant l’instabilité de la région au cours des dernières décennies. L’une des régions les plus touchées est le Liptako-Gourma, également connu sous le nom de zone des trois frontières, située entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso. Depuis plus d’une décennie, des attaques récurrentes contre les populations locales ont conduit à des déplacements pendulaires massifs de populations fuyant leurs villages, souvent à plusieurs reprises. Cette dynamique a en outre provoqué un contexte humain, économique et social fragile qui a conduit à d’autres défis tels que le manque d’éducation, la malnutrition et la pauvreté.

Les puissances occidentales telles que la France et les États-Unis ont maintenu des bases militaires dans ces pays et dans d’autres de la région pour aider à combattre le djihadisme et former les militaires nationaux. Des accords signés avec les gouvernements nationaux garantissaient la présence de soldats étrangers dans les zones les plus reculées. Malgré leur présence, aucun changement notable dans la violence endémique n’a été remarqué, en particulier par les populations locales et la nouvelle génération de Sahéliens plus impliqués dans leur politique nationale. C’est ainsi qu’ont commencé des manifestations locales et des coups d’État nationaux menés par des hommes prêts à briser le cycle de la violence. Dans les trois pays, il y a eu des coups d’État avec la déclaration de nouveaux présidents de transition qui semblent bénéficier de plus de soutien de la population que leurs prédécesseurs. Il est également important de noter qu’ils appartiennent à une génération plus jeune avec des visions nouvelles et redéfinies de la politique et de la diplomatie. Ces pays sont allés encore plus loin en se retirant de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour créer l’Alliance des États sahéliens (AES) dans le but de promouvoir leur propre intégration régionale. La présence de puissances étrangères, notamment la France, n’était plus la bienvenue, ce qui a conduit à la fin des partenariats militaires et diplomatiques dans les pays de l’AES.

Nous constatons un changement régional susceptible de changer la dynamique du continent. Le Sahel est riche en ressources minérales et occupe une position géopolitique stratégique. C’est une pierre angulaire pour toute la partie supérieure de l’Afrique et donc convoitée par les puissances étrangères. La rupture des liens avec la France et les États-Unis ces derniers mois est un événement à surveiller de près. Tout comme lors du Printemps arabe il y a quelques années, la jeunesse a joué un rôle crucial dans les changements sahéliens. Lors des manifestations de rue, des groupes militants et des médias sociaux, la jeunesse a exprimé ses préoccupations, ses désirs et ses besoins. Ils ont exprimé l’avenir qu’ils souhaitent et le passé qu’ils aimeraient laisser derrière eux. La séparation d’avec la France un ancien colonisateur est une illustration du passé colonial et néocolonial dont on ne veut plus.

Pedant cette ère d’agitation, les jeunes du Mali, du Niger et du Burkina Faso montrent au monde qu’il est temps de renouveler les relations mondiales avec leur région, fondées sur l’égalité, le respect et le bénéfice mutuel. Il reste à voir si d’autres pays du Sahel emboîteront le pas et s’ils rejoindront l’AES nouvellement créée. Ceci est hautement probable dans la mesure où des pays comme le Sénégal et le Tchad ont traversé des vagues de protestations politiques. Le Sénégal par exemple a un jeune président nouvellement élu avec un discours de réformes qui pourrait s’inscrire dans l’idéologie de l’AES.

Les Fils et Filles du Sahel ont pris la parole et se lèvent. L’heure des réformes est arrivée et il n’est pas possible de revenir en arrière. On dit souvent que les dirigeant ont le pouvoir, mais que les jeunes ont le temps. La jeunesse sahélienne a ce temps pour œuvrer à changer le statu quo et construire progressivement un Sahel souverain et solidaire.

Deborah Melom Ndjerareou

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