En Afrique de l’Ouest, les masques occupent une place essentielle dans la tradition. Lors des cérémonies, qu’elles soient festives ou funéraires, les masques apparaissent dans le cadre de rituels. Il existe également des festivals annuels de masques dans des pays comme le Bénin et la Côte d’Ivoire. Au-delà de ces rituels, les masques servent aussi à transmettre le savoir et la sagesse d’une génération à l’autre. Par exemple, les masques zoomorphes ont une signification liée aux animaux qu’ils représentent. Lors d’une visite au musée national de Ouagadougou, au Burkina Faso, je suis entrée dans l’univers de ces masques pour mieux comprendre leur signification et la manière dont ils sont utilisés comme outil d’apprentissage et de préservation des traditions.
En Afrique de l’Ouest, des tribus telles que les Nunas, les Bobos et les Mossis vivant en zones rurales imitent leur environnement naturel à travers des masques sculptés représentant les animaux qui y vivent. Chaque animal a une signification particulière, porteuse de messages éducatifs destinés à la communauté.
Le lion représente la royauté, la force et le pouvoir. Le caméléon symbolise la capacité d’adaptation et la prudence. Le taureau, lui aussi, évoque la force et la puissance. Chaque particularité est liée au comportement de l’animal. La pintade, par sa manière de protéger ses œufs et ses petits, incarne la maternité et la garde des enfants. Chaque type de masque est choisi avec soin pour apparaître lors de rassemblements spécifiques. Lors d’un baptême, par exemple, le masque d’une pintade peut être utilisé pour montrer l’importance de l’éducation des enfants et de la maternité. Lors d’un enterrement, un masque de hibou est souvent utilisé. Cet oiseau nocturne est associé à la mort et au malheur. Le même hibou peut également apparaître dans une autre cérémonie pour représenter la prudence et la vigilance. Sa capacité à tourner la tête à environ 270 degrés illustre cette attention constante à ce qui l’entoure.
Dans le musée, une exposition des masques montre une scène incluant un éléphant, une hyène et un taureau. Tous les animaux sont debout, sauf l’hyène qui est agenouillée. Cette scène montre que les masques imitent le comportement naturel des animaux : les plus forts se tiennent debout tandis que les plus faibles s’agenouillent par peur. Le guide expliquait par ailleurs que les masques “connaissent leur place” selon la hiérarchie du règne animal. Les plus puissants ont la priorité.
Les masques zoomorphes jouent un rôle éducatif, enseignant aux membres de la communauté les thèmes de la force, de la protection, de la mort, de la vie et de l’harmonie. Les leçons et les savoirs issus de l’environnement naturel sont transcrits à travers ces masques, ajoutant des éléments théâtraux et ludiques pour raconter des histoires.
L’univers des masques en Afrique est lié au concept des rites d’initiation. Seules les personnes ayant réussi ces rites peuvent créer un masque ou même le porter lors des cérémonies. C’est un espace culturel soigneusement gardé, réservé à quelques initiés. Les masques ont également une fonction spirituelle car ils sont intégrés aux rituels. Ils peuvent symboliser des forces surnaturelles et participer à des incantations ou des sacrifices, notamment lorsqu’il s’agit de plaider une cause auprès des dieux pour la société.
Par ailleurs, les masques peuvent représenter les religions et leur rôle dans la société. L’un des masques présentait des signes de l’islam, du christianisme et de l’animisme. Ce masque symbolise l’unité de ces religions et promeut la cohabitation religieuse dans les sociétés.



La particularité et l’esthétique des masques reflètent la culture et le savoir-faire artisanal. Le choix des couleurs, le bois sculpté, et les éléments décoratifs comme les plumes ou les perles, témoignent de goûts culturels différents. Les communautés peuvent reconnaître, rien qu’en le regardant, à quelle culture appartient le masque.
Aujourd’hui, avec les avancées technologiques rendant l’information plus fluide, le monde des masques est plus accessible. Les jeunes générations, même celles qui ne vivent plus dans les communautés rurales, peuvent encore découvrir ces masques à travers des expositions muséales ou en ligne. L’organisation de festivals de masques est également une nouvelle façon de rendre ce savoir plus accessible au grand public. Certains de ces masques, autrefois réservés aux cérémonies rurales, sont désormais présentés au monde entier.
Les masques ouest-africains font partie intégrante de la culture et doivent être transmis de génération en génération. Passer un après-midi à en apprendre davantage m’a plongée dans un monde zoomorphe destiné à enseigner et à préserver la tradition. Cela m’a rappelé les contes et légendes de mon pays, qui utilisent un mélange d’humains et d’animaux pour transmettre une morale. Je garde encore certains de ces récits en mémoire et j’espère les transmettre à mon tour un jour.
Deborah Melom Ndjerareou
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