Ces braves femmes tchadiennes qui nous inspirent

Le 08 mars célèbre la Journée internationale des femmes.  Initiée en 1909 et reconnue mondialement, cette journée dédiée à la lutte pour les droits des femmes reste un pilier pour porter et amplifier la voix des femmes dans le monde. 

Le Tchad à l’instar des autres pays dans le monde  dédie la Semaine Nationale de la Femme Tchadienne (SENAFET) pour reconnaitre le role de la femme et sa contribution dans le processus de développment. Qu’elles soient ménagères, entrepreneures, professeures, humanitaires, artistes etc., les femmes tchadiennes participent à l’émergence du Tchad  dans divers domaines. Dans cet article, nous découvrons le riche parcours de 5 braves femmes tchadiennes qui innovent, créent et œuvrent pour l’amélioration de notre pays tout en inspirant la nouvelle génération. Pour cette SENAFET 2024, nous aimerions leur dédier cet espace en guise de reconnaissance pour tous les efforts fournis dans l’avancement socioculturel, économique et entrepreneurial de ce beau pays le Tchad. 

Le territoire tchadien regorge une grande variété  de plats culinaires démontrant une riche diversité à toutes les préférences. Développer cet art et le faire connaître au monde est la mission et vision de Madame Priscille Lopiamadji Mbaïwodji qui œuvre dans ce domaine depuis quelques années. Elle détient une Licence en Management des Entreprises, Hôtellerie et Tourisme à l’École Supérieure du Tourisme Hôtellerie et Commerce (ESTHOC) de N’Djamena. Elle est auteure des ouvrages Les saveurs de chez nous : 111 recettes de cuisine du Tchad et Tchad: en quête d’une identité culinaire publiée en 2015

Au Tchad, elle reste  l’une des premières à produire une œuvre littéraire sur la gastronomie locale. Ces ouvrages, au-delà de l’aspect culinaire, font aussi découvrir les produits naturels disponibles et la culture de diverses régions. C’est aussi à travers des présentations et des conférences qu’elle fait découvrir  son travail  à la population tchadienne. Ce dévouement a su porter le Tchad à travers le monde permettant aux lecteurs et les passionnés de la cuisine de découvrir cette richesse culinaire tchadienne. Elle est une pionnière donnant un espoir aux jeunes de croire en ce domaine et aux métiers liés aux arts culinaires. Madame Priscille demeure une ambassadrice de l’art culinaire tchadien contribuant à cette fierté d’être Tchadienne. Elle encourage les jeunes filles à  prendre au sérieux leurs études. Elle dit aussi « Qu’entreprendre ou s’adonner aux petits métiers est meilleur que d’attendre l’intégration à la fonction publique. »

Madame Salma Khalil Alio porte haut le drapeau de la culture tchadienne à travers la peinture, la photographie, l’écriture, l’artisanat et l’infographie. Elle est une promotrice incontournable de la culture et de l’art. Elle est la fondatrice de l’association Positive créée en 2014 qui œuvre pour l’avancement des femmes tchadiennes dans divers domaines. 

Madame Salma a passé son enfance  entre le Tchad, l’Allemagne et le Nigeria. De retour au Tchad, elle entreprend des études et travaille au sein de la compagnie Tigo pendant quelques années. En 2013, elle crée le site Artiste Tchadienne, une plateforme à vocation éducative qui valorise l’entrepreneuriat, la culture, l’histoire et l’art tchadien. . Elle est co-auteur de l’ouvrage photographique Portrait des Femmes Tchadiennes, une œuvre qui montre le parcours d’une centaine de femmes dans différents coins du pays. Elle est aussi auteure d’une collection de poésie Passion de la pensée.

Son talent en dessin et infographie la fait connaître dans toute l’Afrique et ailleurs. Madame Salma est la seule femme caricaturiste au Tchad. En 2023, elle réalise un film de bande dessinée La reine du Guera  présenté au Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou (FESPACO) et reçoit une mention spéciale du jury pour les films d’animation.

Lors des conférences internationales sur la culture, l’art et le cinéma, Madame Salma représente le Tchad et permet au monde de connaître les trésors culturels de ce pays. Sa voix et sa plume peignent et illustrent des images permettant de voir le Tchad comme un patrimoine mondial. Elle reste une source d’inspiration pour la jeunesse tchadienne soucieuse de représenter positivement le Tchad en Afrique et dans le monde. Madame Salma affirme qu’elle « conseille aux jeunes filles, pour chaque projet qu’elles initient, une bonne dose de témérité, du sérieux et de confiance sont nécessaires. Il faut toujours du sérieux. Elles ont la chance d’avoir un outil indispensable à notre développement, l’Internet. Il faut l’utiliser avec stratégie et utilité.»

Dans le monde de la littérature tchadienne, Madame Mekoulnodji Priscille Ndjerareou marque sa place avec ses écrits portant sur la société et la culture. Linguiste de formation, elle détient une licence en Lettres Modernes obtenue à l’université de Ouagadougou au Burkina Faso et un Master en Socio-linguistique à l’université du Texas aux États Unis. Au Tchad, elle travaille comme professeure de langue anglaise  puis directrice de programmes dans une organisation non gouvernementale. 

Passionnée de l’écriture, elle publie en 1980 deux pièces théâtrale Mardochée le Juif et Dana et Henriette. En 2013, elle publie un roman intitulé Exil Croisée, suivi de l’Empreinte de nos voix en 2016 et une collection de poésie Dix plaies et sans miracles en 2020. Les productions littéraires de Madame Mekoulnodji permettent aux lecteurs d’avoir un aperçu de la vie quotidienne au Tchad ainsi que les mœurs et croyances de cette société.

En  1992, elle crée une école primaire École Comer qui continue aujourd’hui à fonctionner. Elle met l’accent sur l’habileté de la lecture pour permettre aux élèves d’avoir une bonne base éducative. Madame Mekouldnoji initie aussi ses élèves et étudiants à la lecture ardente et à l’écriture. A l’école Comer, elle a dirigé la production d’une collection d’histoire écrite par les élèves du CM1 et CM2. Cet ouvrage reste un trésor pour cette école ainsi que pour ses élèves. Elle travaille en ce moment sur une collection de proverbes tchadiens qui sera publiée dans les jours à venir.

A travers ses productions littéraires et activités éducatives,  elle encourage aussi les femmes à « s’armer de courage dans tout ce qu’elles entreprennent quelque soit le domaine et à participer activement au développement du Tchad. »

Passionnée des chiffres, Madame Gnayam Koumtingue se définit comme une actrice de développement qui croit au pouvoir des statistiques et en leurs capacités infinies à orienter les décisions. Elle commença ses études à Sarh et avait une détermination de réussir dans ses études dès son bas âge.  Passionnée des sciences, exceller dans ce domaine était pour elle un défi mais surtout une affirmation de la place de la femme à une époque où les sciences étaient considérées comme un privilège réservé à la gent masculine. Elle réussit à se faire une place dans cette discipline en décrochant son Baccalauréat scientifique série C au  Collège Charles Lwanga (CCL).

Pour cette femme dont les questions de développement ont toujours fasciné et nourri sa curiosité, elle s’inscrit en économie pour comprendre les enjeux complexes liés à cette problématique. Madame Gnayam intégrera ensuite l’ISSEA à Yaoundé où elle décroche son diplôme d’ingénieur des travaux statistiques en 1996.

Comme le dit l’adage « il n’y a pas d’âge pour apprendre », Madame Gnayam en fera sien en reprenant  le chemin de l’école où elle obtient un master en économie appliquée à l’Université de Maryland Collège Park aux États Unis. Durant cette période, elle a su concilier vie familiale et vie professionnelle.

Elle démarre une carrière qui va l’amener à explorer de nombreuses problématiques notamment dans la santé, l’éducation, les dynamiques de population et la gestion des données. Au Tchad, elle a eu à travailler au Ministère de la Planification et à l’UNICEF pour ensuite rejoindre la Banque Mondiale en tant que conseillère de l’administrateur du Groupe Afrique II au Etats Unis. 

Aujourd’hui consultante, elle est sollicitée par les organisations internationales sur diverses questions liées au développement. Ses prochaines réflexions et combats portent sur: Comment libérer les potentialités infinies des femmes et des filles tchadiennes pour accélérer le développement du Tchad. Pour Gnayam, le leadership féminin au Tchad a encore du chemin à faire, entre les préjugés et les stéreotypes sociaux, elle « exhorte les femmes tchadiennes à vaincre leur timidité, à faire preuve de résilience et à tirer avantage des différentes plateformes éducatives (Edx , Coursera, Udemy Etc) pour renforcer leurs capacités ».

Arrivée au Québec il y a plus de 10 ans,Madame Miré Saralta fait figure des femmes Tchadiennes qui par la force du travail a su trouver son chemin et inspirer beaucoup d’autres femmes grâce à son parcours riche d’enseignement.

Titulaire initialement d’une maîtrise en audit et contrôle de gestion obtenue au Sénégal, Miré Saralta a débuté en tant qu’agente administrative au Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale. Ayant découvert le monde fascinant de la santé et les enjeux complexes autour du système de santé, elle n’hésitera pas à concilier travail et étude pour décrocher en 2016 une maîtrise en administration des services de santé et en gestion des systèmes de santé à l’Ecole de Santé Publique de l’Université de Montréal (ESPUM).  

Après son diplôme, Madame Miré Saralta se découvre une autre passion, celle de l’enseignement. Elle décroche un poste de chargée de cours à l’ESPUM. Cette double casquette de professionnel et universitaire lui tient à cœur parce qu’elle l’oblige à demeurer au courant des dernières pratiques et recherches. Elle reconnaît par ailleurs que sa pratique professionnelle a un effet positif sur son enseignement comme chargée de cours et inversement. 

Femme aux multiples talents, cette mère de deux enfants parle aujourd’hui de son parcours comme un défi qu’elle a su relever avec fierté « Je crois que mon parcours reste un témoignage de confiance en la providence, mentionne-t-elle, et aussi d’encouragement et de persévérance pour la communauté étudiante de l’UdeM, plus particulièrement celle ayant immigré de l’Afrique subsaharienne».

Le parcours de ces femmes reste un témoignage de persévérance, de dévouement au travail et de créativité  nécessaire pour se faire une place dans la société. Elles nous inspirent à donner le meilleur de nous-même dans notre parcours personnel et professionnel pour contribuer au développement de notre pays. Pour cette génération et la nouvelle, ces braves femmes tchadiennes sont un modèle à suivre.

Askoum F. Koumtingue et Deborah M. Ndjerareou 

2 thoughts on “Ces braves femmes tchadiennes qui nous inspirent

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  1. Suis Esther depuis la RDCongo, c’est un plaisir de te lire ma grande Deborah, une brave dame que j’ai connue.je rends hommages à toutes ces femmes Tchadiennes qui n’ont pas baissées les bras ,qui œuvrent dans beaucoup de domaines et qui rendent leur pays fiers.Vous êtes de modèles.👌

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  2. Merci à ces femmes leaders pour leur engagement dans la société et dans leur communauté. ”Dreams big” et continuer à inspirer les autres filles et femmes tchadiennes. La femme Tchadienne reste marginalisée sur tous les plans et ce construit social est entretenu par les préjugés et les stéréotypes. Je salue vraiment votre initiative, celle de rendre visible l’invisible par ce que le travail de la femme qu’il soit réénuméré ou domestique est souvent occulté. Il y’aura certes de la résistance mais je vous invite à continuer ce travail de conscientisation. Don’t give up.

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