J’écris pour respirer

En célébrant le 31 août, Journée Internationale du Blogging, je contemple les raisons pour lesquelles le blogging est devenu un outil de pensée.

Un soir, alors que j’étais en congé auprès de ma famille, j’ai accompagné mon père  à  la bibliothèque. J’ai pensé que je pouvais flâner et parcourir les livres pendant qu’il travaillait. Une idée m’est venue soudainement : écrire sur la vie entre deux continents et sur ma conviction profonde en l’avenir du continent africain. Je me suis assise et j’ai rédigé un article d’environ 350 mots que j’ai ensuite publié sur les réseaux sociaux.

À partir de ce premier post, j’ai fait de l’écriture une habitude, j’ai poursuivi un diplôme en écriture créative et j’ai travaillé à construire une activité parallèle de création de contenu. Tout au long de ce parcours, je me suis interrogée sur la raison pour laquelle j’écrivais et sur la nécessité que j’avais d’écrire.

J’ai passé la dernière décennie à voyager aux quatre coins du monde, pour le travail comme pour la découverte personnelle. Chaque mission professionnelle s’est accompagnée d’histoires de résilience, de joie, de chagrin, d’apprentissage et de compréhension du monde brisé dans lequel nous vivons. Chaque destination m’a permis d’explorer des communautés, de comprendre des cultures et de contempler la beauté hors du commun de ce monde. Les photos capturent des instants et des images clés, mais l’écriture est une invitation à la réflexion et à la conversation.

En tant qu’Africaine, des confins de la Palestine aux park des lémuriens de Madagascar, des cordillères d’Argentine aux Wadis du Tchad, en passant par la forêt Njinga Njinga en République du Congo, j’invite les lecteurs à une conversation sur ce qui fait notre humanité africaine et sur notre cohabitation dans ce monde.

À travers le globe, me présenter comme une Africaine tchadienne suscite curiosité et questions, mais aussi beaucoup de méprises et de stéréotypes, alimentés principalement par les médias.

Le blog We Write Afrika est né de la nécessité de réfléchir sur le monde et sur la place de l’Afrique en son sein. Je me suis concentrée sur les aspects positifs du continent et sur les éléments de résilience qui le caractérisent. J’y relie toute mon expérience avec le continent africain et ce que cela signifie d’être Africain dans le monde. Ce continent est aussi mal compris que compris. C’est une pièce énigmatique du monde sur laquelle tous les regards se posent, selon leurs intérêts. C’est une terre de potentiel encore largement inexploité.

Nous, Africains, sommes à la fois objets de mépris et d’admiration dans le monde. Nous sommes à la fois craints et sous-estimés. On nous imite tout en nous méprisant. Les regards se fixent sur la pauvreté et la guerre, tout en s’émerveillant devant nos tissus colorés et notre musique mondiale. On prédit un avenir sombre au continent tout en soulignant que nous avons la population la plus jeune et que nous serons une puissance d’innovation. Pendant la pandémie de COVID, on annonçait presque l’éradication de la population africaine, tout en menant des études pour comprendre pourquoi les cas étaient plus faibles que dans d’autres régions.

En tant qu’Africains, nous peinons à nous détacher du récit que le monde nous a imposé. Nous avons intégré les images véhiculées par les médias dominants, nous avons tracé des frontières dans nos esprits en suivant celles dessinées lors de la conférence de Berlin, nous nous sommes soumis aux divisions anglais/français/portugais imposées par le colonisateur. Nous enseignons les rois et reines d’Europe tout en reléguant au second plan notre propre empereur Mansa Musa, la reine Amina, le roi Shaka Zulu et le roi Shamba Bolongongo. La vague qui viendra briser ce récit est en marche même si la route reste longue.

Plus je cherche le positive, plus je le trouve. Dans ce cheminement, le récit négatif perpétué perd de sa valeur. Tout en gardant conscience des défis, j’écris aussi sur les innovations possibles pour les surmonter. Plus j’écris, plus je respire aisément, sachant que l’Afrique n’est pas une image de désespoir, mais bien de potentiel et d’espérance.

Deborah M. Ndjerareou

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